Le Monde, Philippe Dagen, mars 2023

Gabriel Leger fabrique des pièges mémoriels par l’assemblage et l’installation. Il utilise un vieux tapis, une lampe à acétylène, une bille de pierre néolithique, des fils de cuivre, un crocodile empaillé, du bitume, du laiton, du quartz, des cloches en cire et encore d’autres matériaux. Chaque œuvre a sa logique singulière, cryptée et savante. Le tapis et une carte de l’Inde sont en mémoire de la nouvelle de Borges Le Miracle secret (1943) ; la carte des planètes et les dés, en hommage aux Entretiens sur la pluralité des mondes, publiés en 1686 par Fontenelle ; la bobine de fil de lin trouvée dans une tombe de Thèbes et une aiguille d’or, en souvenir de l’archéologue Maspero (1846-1916). Homère, Galilée, Fludd et Séféris sont aussi de la partie, de même que Malevitch, dont le monochrome est refait en miel, moment de jouissance visuelle. Ainsi circule-t-on dans une forêt de références, au risque de s’y égarer parfois et de ne pas saisir tous les signes que Leger inscrit dans ses œuvres. Mais, dans ce cas, la poésie des formes suffit au plaisir.

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artpress, Julie Chaizemartin, mars 2021

« Pour un archéologue, ce serait sacrilège », dit Gabriel Léger (France, 1978) devant la petite lampe à huile antique qu’il a rallumée dans un geste ancestral et libérateur. L’artiste a réveillé Hypnos.
En témoigne la trace de suie sur la plaque de laiton polie fixée à l’arrière de l’artefact. La flamme, sans âge, a brillé dans les yeux de l’artiste de la même manière qu’elle éclairait le visage des Anciens. À côté, de vieux clichés de vestiges égyptiens ravivent la mémoire des explorateurs du 19e siècle. Comme eux, Léger a regardé le passage du soleil sur les vieilles pierres. À l’aide d’un héliographe, il a même capturé ses rayons qui ont fini par trouer la photographie, inscrivant la cicatrice de notre temps contemporain dans le même ciel que celui de la statue égyptienne.
C’est une idée du temps profond, cyclique. Deep Time titre l’exposition – en référence au concept philosophique du « temps géologique » né à la fin du 18e siècle. Léger collectionne les reliques pour en révéler, au-delà de leur survivance matérielle, leur rémanence émotionnelle. Dans des vases en grès noir, il a enfermé de la bière qu’il a produite à partir du blé de l’Antiquité prélevé par l’égyptologue Gaston Maspero en 1884. Il a aussi relancé la production d’amulettes grâce à deux moules antiques. L’opération, dans une transmutation intemporelle, a fait renaître le bleu égyptien. Disposées en forme d’immense mandala, les céramiques nuancées de turquoise émerveillent.
En réveillant les morts, les oeuvres de Léger nous relient, en tentant de la représenter, à une émotion magique, celle de l’éternité retrouvée.

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L'éternité et une bière
Beaux-arts Magazine, Emmanuelle Lequeux, janvier 2021

Il y a quelques années a été dispersée la précieuse collection de l'égyptologue Gaston Maspéro, mort en 1916. Dans ce cadre, l'artiste Gabriel Leger a fait l'acquisition de blé égyptien antique, abandonné au fond d'une amphore sans doute. Puis il a entrepris, à partir de ces grains miraculeusement préservés depuis le IIIe siècle après J-C, de produire de la bière, avec l'aide d'un brasseur artisanal. Il a également travaillé avec un céramiste afin de créer des bouteilles de grès noir qui pourraient accueillir ce breuvage doublement millénaire. Ou comment saisir, du temps, le grain et l'ivresse… L'idée est vertigineuse, de pouvoir ainsi se saoûler du passage de milliers de saisons, de transformer des dizaines de siècles en plaisir d'un instant. Mais Gabriel Leger sait se faire alchimiste, il l'a prouvé dans ses précédents projets exposés déjà chez Sator, et celui-ci n'est pas des moins fascinants.

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Les réminiscences historiques de Gabriel Leger
Le Monde, Philippe Dagen, janvier 2021

Gabriel Leger pourrait dire, comme Baudelaire dans un de ses poèmes: "J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans". Bien plus de mille, même, pour lui: plutôt quatre ou cinq mille. Leger pratique en effet un art très particulier: il se glisse dans des époques reculées, aux temps de l'Égypte pharaonique ou de le Grèce antique, et réactive des objets qui en sont issus en les manipulant. Employant deux moules à amulettes égyptiennes de basse époque, il en produit lui-même des milliers, figurant les unes le soleil à son lever, les autres l'astre à son zénith, et dessine avec elles sur le mur une spirale bleue et verte évidemment cosmique.
Avec du blé retrouvé jadis par l'archéologue Gaston Maspéro, il fabrique de la bière —boisson préférée des anciens égyptiens—, la parfume avec des épices et l'enferme dans des bouteilles de grès noir. En boire, ce serait goûter à un philtre d'intemporalité. Rallumer brièvement une lampe à huile romaine et garder la trace de la suie sur une plaque de laiton, réunir une coupe athénienne ronde noire et un plateau lumineux blanc carré d'aujourd'hui et conjuger leurs géométries, brûler au soleil à travers un cristal de vieilles photos archéologiques fanées: ce sont pour lui d'autres manières de remonter le cours de l'histoire. Chacune de ces œuvres contient une charge d'histoire, enfermée dans des formes apparemment simples et puissamment émouvantes.

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Voyages avec Shimabuku et Gabriel Leger
La République de l'art, Patrick Scemama, février 2021

(…) C’est à un voyage davantage dans le temps que dans l’espace que nous convie Gabriel Léger avec l’exposition qu’il propose actuellement à la galerie Sator, Deep Time. Car elle a pour trame l’antiquité méditerranéenne, et plus particulièrement égyptienne, cette période sur laquelle l’artiste a souvent travaillé. On y trouve ainsi une nouvelle série de « Sunshine Recordings », ces photographies anciennes de vestiges de temples et de statues sur lesquelles il a enregistré, grâce à un héliographe et sur les lieux mêmes où la photo a été prise, le passage du soleil en une journée (superposant ainsi trois temps : celui du vestige, celui de la prise de vue et celui d’aujourd’hui). Suite
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Un regard sur la scène française: histoires communes et peu communes
ArtParis 2020, Gaël Charbau

(…) Au-delà des antagonismes qui divisent le monde, Gabriel Leger semble rechercher ce qui, fondamentalement, nous connecte à un monde plus complexe et moins divisé. Dans le projet Sunshine Recordings l’artiste détourne à des fins esthétiques un instrument scientifique nommé « héliographe », enregistrant l’intensité solaire par « brûlage », grâce à la sphère de cristal qui le constitue. Des images du XIXe siècle fournissent ici le point de départ à de nouvelles expériences sensibles : l’artiste se rend sur le lieu de prise de vue originel pour y capter à nouveau la lumière du soleil et marquer les supports d’une brûlure définitive.

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Philippe Dagen (extraits tirés de Le reflet et l’écho, texte critique du catalogue monographique Solve+Coagula, 2018)

« Gabriel Leger vit et travaille dans un espace-temps singulier. Celui-ci rassemble et relie des lieux et des moments séparés par des milliers d’années et des milliers de kilomètres. (…) La perception et la compréhension de la puissance de l’histoire en un temps et un espace particuliers, ceux où nous vivons aujourd’hui quand nous habitons dans le monde occidental, sont son sujet, sinon même son obsession. Il montre de la façon la plus claire qu’il considère l’histoire des civilisations comme un champ qui lui est ouvert et dans lequel il est libre de collecter quelques pièces – et libre de s’en servir. (…) L’histoire naturelle, l’histoire antique et l’actualité se rencontrent et leur contact suscite, par cristallisation, une oeuvre.

(…) Ses travaux condensent dans des formes déconcertantes – et d’autant plus intenses – des questions historiques et politiques de quelque importance; aussi est-il de ces artistes qui, loin de se contenter de faire de l’art pour le plaisir d’en faire et d’en répéter les formes, conçoivent leur activité comme un mode de pensée.
(…) Il manipule et métamorphose des éléments naturels et des objets manufacturés, des photographies et des matériaux élémentaires, et par ses manipulations si peu orthodoxes, réactive l’objet. Le passé surgit dans le présent, un passé rendu à la vie et qui n’est donc plus tout à fait du passé.

(…) Les travaux d’un artiste tel que Gabriel Leger sont à l’inverse d'une tendance actuelle de l’art contemporain [à l’amnésie et au spectacle]. Ils le sont par leurs dimensions, qui demandent un regard de près et invitent au toucher – ou du moins semblent le proposer. Ils le sont par la complexité de leur composition, qui ne peut être déchiffrée qu’en prenant le temps. Ils le sont par la multiplicité des interprétations qu’ils suggèrent et par les labyrinthes de références qui se déploient autour d’eux. Que des créateurs dans son genre, si l’on peut dire, existent encore et qu’ils aient autour d’eux des défenseurs, voici qui rend l’époque actuelle un peu plus supportable. »

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Camille Tallent (in Slash-Paris Magazine, 2018 )
(Vertigo, Galerie Sator, Paris)

Avec l’exposition Vertigo, Gabriel Leger poursuit la déclinaison d’une histoire poreuse et ritualise les connexions entre les temps pour faire éternité.
Une exposition vertigineuse donc —, pour ceux qui prendront le temps de s’attarder sur les délicates œuvres inédites proposées à la galerie Sator dans cette exposition qui se nomme si justement Vertigo. Une spirale calme de neuf ensembles hybrides composés d’interventions subtiles et d’objets anciens, dont certains sont précieusement enfermés dans des cadres de verre qui semblent ne plus abriter aucun air. Scellées par le vide et emmitouflées par une aura de conservation digne des musées les plus anciens, les œuvres de Gabriel Leger s’offrent à nous avec une certaine fragilité. Suite

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Patrick Scemama (in La République de l'art, 2018 )
(Vertigo, Galerie Sator, Paris)

Deux matériaux semblaient constitutifs, jusqu’alors, du travail de Gabriel Léger : le bitume et le miel. Le bitume, parce qu’il conserve et protège parfaitement ce qu’il enrobe et agit ainsi, selon les mots mêmes de l’artiste, comme « le contraire d’une destruction ». Et le miel parce qu’il possède les mêmes qualités (en particulier la densité), mais aussi pour des raisons complémentaires : l’un est jaune comme le soleil, alors que l’autre est noir comme la nuit, l’un est le symbole de la dissolution (le miel), alors que l’autre est celui de la coagulation, etc. Bref, les deux représentent le yin et le yang, le rythme vital binaire, ce qui est essentiel à l’existence même de l’homme. Suite

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Clarisse Gorokhoff (Press release, 2018 )
(Vertigo, Galerie Sator, Paris)

À ce qui jamais ne décline, qui pourrait se soustraire ?

Comme pour répondre à la question sibylline d’Héraclite, Gabriel Leger déploie des énigmes plus vastes encore.
Il fait réfléchir les miroirs. Il creuse l’éternité des visages. Il fait s’écouler le temps avec des corps célestes. Il s’empare de nébuleuses en ébullition. Il fait tenir le vertige en équilibre. Il pétrifie l’espace. Il fait parler l’insondable. Il dévoile des secrets ancestraux en en créant de nouveaux. Il anime les profondeurs de la matière et de l’être. Mais d’abord, il dérobe au soleil son ardeur... Suite

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Léa Chauvel-Lévy (Press release, 2016 )
(Imago Mundi, Galerie Schultz, Berlin)

For a long time, a single principle governed the world. God created all that man enjoyed, and He created man in his image. A multitude of decenterings and movements of thought have challenged this single causal explanation, and transcendence has assumed new forms. If God does not exist, is (secular) art one such trace of this lost transcendence?
With each of his exhibitions, Gabriel Leger puts this precarious balance between rational and spiritual conceptions of the world back into play to reveal its inherent tensions. More

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Benoît Blanchard (Œuvres-revue.net, 2016)
(Solve+Coagula, Galerie Sator, Paris)

En alchimiste du doute, Gabriel Leger conçoit des artefacts figés, dans l’attente d’un moment d’oubli où se déverser totalement. Car il sont poreux et tiennent en eux prisonnier une question lancinante. Une question qui, quand on l’aborde, ne cesse de s’évanouir et de reparaître avec un nouveau visage, chaque fois chargé d’humeurs et d’intuitions différentes, d’esprit, de temps volé, mais aussi de mort et de ses succédanés que ressuscite la mémoire des objets que l’on déterre au hasard d’un labour de printemps.
Suite

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Léa Chauvel-Lévy (Communiqué de presse, 2016 )
(Solve+Coagula, Galerie Sator, Paris)

Les œuvres de Gabriel Leger possèdent un esprit. Au sens latin du terme spiritus, du verbe spirare, souffler. Aussi, pourrait-on dire que les créations, réunies ici pour cette exposition, sont toutes chargées d’un souffle. En elles, circule une certaine idée de la vie. S’il fallait la définir, on regarderait du côté de la pensée chinoise dont le qi, souffle vital, accompagne la naissance et la mort, se renouvelle en permanence dans le corps et se manifeste en son sein par les fonctions de mouvement et de transformation. Suite

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Pascal Bernard (Paricultures, 2015 )
(Fétiche, Galerie Sator, Paris)

Il y a des expositions qui vous laissent indifférent, d’autres qui vous marquent profondément.
L’exposition Fétiche, présentée du 10 avril au 31 mai 2014 à la galerie Sator, faisait assurément partie de la deuxième catégorie. Suite

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Léa Chauvel-Lévy (Slash Magazine, 2014 )
(Fétiche, Galerie Sator, Paris)

Fixité, immuabilité, le sentiment d’éternité est entre les mains de Gabriel Leger. Pour figer une image du réel, il a comme allié le bitume qui recouvre et étouffe jusqu’à interdire tout mouvement. Immortalisées, anéanties, certaines parcelles du monde deviennent ainsi ses proies. Où le bitume, matériau toxique joue le rôle d’une flèche qui en viendrait à bout. Suite

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Philippe Dagen (Le Monde, 2014 )
(Fétiche, Galerie Sator, Paris)

Gabriel Leger aime le danger. Il a peint ses dernières œuvres avec du bitume, qui, employé avec dextérité et méthode, offre des nuances
variées de bistre, ocre, brun, noir et des lumières luisantes ou poudrées.
Leger en tire des effets visuels et tactiles voluptueux. Mais ses œuvres vont bien au-delà, tissées de références subtiles ou scabreuses à l'Egypte ancienne, au naufrage du Titanic ou au fétichisme érotique des hauts talons. Quand il y a des mots, ils sont pris à Nietzsche ou Brecht. Ainsi glisse-t-on à l'improviste du plaisir visuel à des réflexions désenchantées.

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Centre Culturel Suisse (Le Phare, 2013 )
(Pour le livre microMEGA)

microMEGA est la preuve qu’il est encore possible, de nos jours, d’autoproduire des livres. C’est ce qu’ont fait les trois membres du studio franco-genevois Paper! Tiger!
Le résultat est malin et très bien fini. Ce petit livre a deux faces: une verte pour micro, des hommes construisant des maquettes et des modèles réduits; et une bleue pour MEGA, des hommes construisant des architectures, objets et engins démesurés.
En reprenant une sélection d’images tirées de numéros d’une revue de bricolage et de vulgarisation scientifique, le livre apporte une réflexion sur les rapports entre l’homme et la science, la nature, la technologie, le progrès et la modernité.

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Philippe Dagen (Le Monde, 2012 )
(Les décisions importantes sont prises ailleurs, Galerie Sator, Paris)
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Les œuvres de Gabriel Leger semblent avoir pour unique point commun d'être sur papier. Des tracés fins et précis, dessin d'ingénieur impassible, voisinent avec des fusains très noirs et grotesques.
Les uns sont des reports au carbone repris et modifiés, dans le sens de l'absurde. Les autres sont des têtes vaguement familières, mais que l'on ne reconnaît pas pour autant. D'autres encore reprennent des illustrations pédagogiques des années 1950 ou 1960 qui ont pour Leger, né en 1978, un charme désuet.
Assez vite néanmoins, on voit mieux ce qui peut réunir tous ces travaux: l'oscillation de son auteur entre son affection nostalgique pour ces images et l'ironie avec laquelle il ne peut s'empêcher de les regarder et de les travestir. Elles datent du temps où il était possible de croire au progrès et à ses bienfaits — possible de se fier aux utopies.
Aussi, après les avoir trouvés plutôt comiques, finit-on par considérer ces dessins d'un œil plus soupçonneux, comme quelques pièces à conviction du procès qui est fait désormais à l'idée de modernité. C'est dire qu'il y a en eux les éléments visuels d'une réflexion plus grave qu'il n'y paraît d'abord.

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Archéologie du capitalisme by Gabriel Leger
Céline Piettre (ArtInfo, 2012 )
(ECHOES, Jeune Création, Centquatre, Paris)

Gabriel Leger recycle des iconographies passées qu’il réassemble en des fresques surréalistes griffonnées de commentaires. Pour Jeune Création, il redonne vie au magazine américain Popular Mechanics, revue de vulgarisation scientifique à visée idéologique, traduite en France entre 1945 et 1968 dans un contexte de guerre froide. L’imagerie devient une archive mystérieuse, une archéologie science-fictionnelle qui rappelle les univers de J.G. Ballard. Trempés dans du bitume (encore frais et dégoulinant), des disques vinyles accompagnent les pages de magazine, fossiles vivants de l’économie du disque. Avec Gabriel Leger, les tubes d’Elvis et de Roy Orbison passent pour des vestiges de l’âge d’or du capitalisme, aussi prospère que polluant.